MÉMOIRE DU GROUPE « LE SPORT EST IMPORTANT »

Sommaire

Les investissements fédéraux dans les Jeux olympiques et paralympiques d’hiver de 2010 à Vancouver ont rendu possibles la tenue de ces Jeux et la meilleure performance jamais vue des athlètes canadiens. On peut également être optimiste et penser que le soutien offert par Ottawa aux Jeux panaméricains et parapanaméricains de 2015 à Toronto et dans la région du Grand Toronto permettra à l’équipe canadienne et aux villes hôtes d’offrir une performance impressionnante quand le Canada, encore une fois, accueillera les pays de notre hémisphère qui participeront à un grand événement multisports. La fierté, l’union et le soutien nationaux que ces rassemblements engendrent sont aussi réels que les avantages économiques qu’ils apportent à la collectivité qui les accueille.

Même si nous avons bien des raisons de célébrer nos récentes réalisations et nos plans pour l’avenir – les Jeux olympiques et paralympiques de Londres auront lieu dans moins d’un an – il reste un travail important à réaliser en ce qui concerne le sport et l’activité physique. En d’autres mots, il en reste beaucoup à dire au sujet de la préparation aux sports de haut niveau, de la santé et de la condition physique de nos enfants d’âge scolaire et de nos jeunes et de la participation des jeunes Canadiens au sport organisé et aux activités récréatives. Nous présentons ici trois modestes initiatives qui auraient pour résultat une diminution importante des dépenses publiques en soins de santé et qui contribueraient, à moyen terme, à un budget équilibré. Nous affirmons qu’il est urgent de mettre en place ces trois initiatives, qui sont des éléments clés du continuum de la santé physique et du sport qui permet de passer du terrain de jeu au podium.

En résumé, le groupe « Le Sport est important » demande un soutien fédéral pour les initiatives suivantes :

·         La création d’établissements sportifs canadiens qui recevraient un montant récurrent de 12 millions de dollars chaque année en investissement fédéral pour ces centres d’excellence. Un montant équivalent devra être versé par les gouvernements provinciaux et le secteur des entreprises;

·         Un investissement de 13,5 millions de dollars sur 6 ans pour la création d’une initiative nationale visant à récompenser par des prix les réalisations en matière de savoir-faire physique pour les enfants;

·         Faire en sorte que le crédit d’impôt pour la condition physique des enfants soit pleinement remboursable pour les familles défavorisées.

Les initiatives que le secteur du sport et de l’activité physique propose sont de nature modeste et ne nécessitent pas une réaffirmation des activités du gouvernement fédéral dans ce domaine. En fait, ces initiatives utilisent des installations existantes et comptent grandement sur les efforts des familles, des systèmes scolaires, des gouvernements provinciaux et municipaux et des clubs de sport du Canada pour améliorer la condition physique et la santé des enfants canadiens par la promotion des activités sportives et récréatives à l’école et en dehors de l’école.

Contexte

Le Canada est en train de devenir une société sédentaire et de plus en plus de Canadiens font moins d’activité physique que ce qui est recommandé pour leur groupe d’âge. L’activité sédentaire concerne de plus en plus le temps passé devant un écran (c.-à-d. le temps passé à regarder la télévision ou des vidéos, à jouer à des jeux vidéo et à utiliser un ordinateur ou un appareil portable. Comme l’indique le rapport Obésité au Canada, de longues périodes passées devant un écran sont associées à un plus grand risque d’obésité chez les adultes et les enfants du Canada. Le Canada est donc devenu l’un des pays riches les plus obèses au monde. Les enquêtes nous disent maintenant qu’environ 59 % des Canadiens adultes ont un surpoids et que 23 % sont catégorisés obèses. Ces données devraient nous inquiéter, puisque les médecins ont indiqué que cette réalité entraînerait un véritable déluge de maladies du cœur, d’hypertension artérielle, de cancers et de problèmes respiratoires liés à l’obésité qui submergeront notre réseau public de soins de santé. Plus du quart des enfants et des jeunes du Canada ont un excès de poids ou sont obèses. Chose inquiétante, entre 1978 et 2004, la fréquence combinée du surpoids et de l’obésité chez les jeunes de 2 à 17 ans est passée de 15 à 26 %.

Un autre sujet d’inquiétude, qui contribue d’ailleurs aux statistiques ci-dessus, est le fait que de nombreux enfants et jeunes canadiens ne suivent pas de programmes d’éducation physique de qualité dans les écoles. Au cours des dernières décennies, nous avons assisté à une réduction importante du nombre d’heures prévues pour l’éducation physique, un passage d’enseignants spécialistes qualifiés en éducation physique à des enseignants généralistes ayant peu ou pas de formation ainsi qu’une diminution des ressources disponibles pour financer les achats d’équipement et l’amélioration des installations.

Bien que de nombreuses écoles aient une politique officielle soutenant l’importance des cours d’éducation physique quotidiens pour les élèves, en 2001, seulement 16 % des écoles respectaient cette politique. Ainsi, les enfants de la génération actuelle ont un manque de compétences physiques fondamentales et un manque de compréhension de l’importance de l’activité physique quotidienne et d’un mode de vie sain, et sont de moins en moins en forme en raison du phénomène de sédentarité décrit ci-dessus. En d’autres mots, de nombreux enfants canadiens d’aujourd’hui manquent de savoir‑faire physique. Les résultats sont prévisibles : une génération d’enfants qui ne prendront pas l’habitude de faire de l’activité physique quotidienne, ce qui aura pour résultat une diminution de la forme physique qui persistera probablement pendant toute leur vie. Il ne s’agit pas seulement d’un problème d’éducation; en fait, il s’agit d’un problème de santé à l’échelle nationale.

Tous ces comportements ont à la fois des coûts directs et indirects que les gouvernements, les entreprises et les familles sont de plus en plus forcés à absorber. Ces coûts figurent dans les comptes nationaux en tant que dépenses pour les soins de santé, en tant que perte de productivité des entreprises en raison de maladies, d’absentéisme et de décès prématuré et en tant qu’augmentation du fardeau des familles qui doivent prendre soin de proches qui souffrent de maladies qui peuvent être prévenues. Il est utile de citer le rapport Obésité au Canada de l’Agence de la santé publique du Canada et de l’Institut canadien d’information sur la santé (2011) à ce sujet :

« On estime que l’obésité a coûté à l’économie canadienne environ 4,6 milliards de dollars en 2008, soit 735 millions de dollars de plus ou environ 19 % de plus que les 3,9 milliards de dollars qu’elle avait coûtés en 2000. Il s’agit là d’une estimation prudente, car elle ne tient compte que des coûts liés aux huit maladies chroniques le plus souvent associées à l’obésité. »

Les dollars que l’on dépense pour traiter des maladies évitables causées par des comportements sédentaires et l’inactivité grèvent les budgets discrétionnaires des gouvernements du Canada. Ce problème sera grandement aggravé à mesure que la génération des baby-boomers atteindra l’âge d’or. Nous affirmons que l’activité physique ainsi qu’un mode de vie actif et sain sont des éléments clés d’une culture de prévention qui pourrait permettre aux gouvernements fédéral et provinciaux d’épargner des milliards de dollars en soins de santé.

La détérioration de la condition physique des jeunes et des adultes ainsi que du savoir‑faire physique des jeunes enfants aura inévitablement pour conséquence la diminution du nombre d’athlètes au potentiel de haut niveau. Bien que les conséquences monumentales de notre incapacité à offrir de l’éducation physique et sportive de qualité dans les écoles aient maintenant une portée nationale, nous rencontrons des difficultés aussi grandes dans la façon dont nous préparons et entrainons nos athlètes de haut niveau. Les jeunes Canadiens qui visent à atteindre l’excellence en matière de sport manquent souvent d’un cadre et d’un soutien élémentaires comme des entraîneurs, des établissements d’entraînement et du personnel formé en sciences du sport. Il existe un manque manifeste de parcours de développement intégré des athlètes pour aider les éléments prometteurs à passer d’équipes provinciales à des équipes nationales et à participer à des compétitions aux plus hauts échelons internationaux.

Les résultats du Canada aux Jeux olympiques d’été démontrent avec force cette incapacité à mobiliser nos maigres actifs et nos maigres ressources institutionnels pour les mettre au service de la réalisation athlétique. Jeux après Jeux, nos équipes olympiques ont fait preuve de détermination et ont eu des performances honnêtes, mais le fait est que nous avons eu un rendement inférieur à ce que nous aurions pu donner, alors que certains pays rivaux ont augmenté leur nombre de médailles et d’apparitions sur le podium. Certains peuvent dire que cela n’a pas d’importance, mais ils ont tort. Le sport est important. Nos athlètes olympiques et paralympiques sont des modèles extrêmement importants pour les Canadiens de tous âges. Leurs réalisations sont une source de fierté, d’inspiration et d’unité nationale. Ils incarnent des valeurs de sacrifice, de travail acharné, d’intégrité et de discipline, un comportement que nous voudrions voir nos enfants imiter. Nous devons encourager une culture de l’excellence en matière de sport, tabler sur l’héritage des Jeux olympiques d’hiver de Vancouver et mettre en œuvre ces dernières réformes qui inciteront véritablement les Canadiens et les Canadiennes à prendre en main leur santé physique et à adopter un mode de vie sain.

Demandes budgétaires

Ce budget est une occasion de combler quelque peu certaines des lacunes indiquées ci-dessus et ainsi de faire en sorte que les coûts des soins de santé cessent d’augmenter et que les jeunes Canadiens participent davantage à des activités sportives et qu’ils soient plus en forme.

1.    Établissements sportifs canadiens – Le Comité olympique canadien et À nous le podium ont mentionné qu’il manquait d’établissements sportifs pleinement fonctionnels au Canada, ce qui désavantage le pays au profit du Royaume-Uni, de la France, de l’Allemagne, de l’Australie, du Japon, de la Norvège, des États­Unis et de la Chine, qui ont tous des programmes d’établissements bien établis. Nous souhaitons la mise en place d’établissements sportifs canadiens, qui deviendront des points de repère pour notre équipe nationale, et de programmes d’entraînement dans des installations multidisciplinaires ou des installations prévues pour un sport en particulier qui permettront d’offrir aux athlètes et aux entraîneurs actuels et futurs des équipes nationales un entraînement de calibre mondial, et ce, tous les jours. Bien que les Centres canadiens multisports qui existent actuellement explorent des façons de se doter des installations voulues, ils ne disposent pas de la masse critique d’athlètes, d’entraîneurs et de groupes d’entraînement de niveau olympique nécessitant des établissements prévus pour les athlètes de haut niveau.

On demande un investissement annuel récurrent de 12 millions de dollars auquel s’ajoute un montant équivalent qui doit être versé par les partenaires provinciaux et régionaux, pour un total de 24 millions de dollars. Nous vous proposons de faire un investissement progressif afin de mettre en place des établissements sportifs de calibre mondial à chacun des endroits suivants :

                  Montréal 3,7 millions de dollars

                  Calgary 3,0 millions de dollars

                  Toronto 3,5 millions de dollars

                  Colombie-Britannique 1,8 million de dollars

                  Total 12,0 millions de dollars

2.    Le Canada a besoin d’une initiative visant à récompenser par des prix les réalisations en matière de savoir-faire physique. L’initiative sera conçue pour aider les enseignants (ainsi que les entraineurs et les parents) à évaluer le niveau de forme physique et le mode de vie de leurs élèves, y compris à déterminer s’ils sont au fait de l’importance qui doit être accordée à la pratique régulière d’activités physiques et sportives ainsi qu’à un mode de vie sain. Elle sera structurée de façon à enseigner aux enfants et aux jeunes pourquoi il est important d’acquérir un savoir-faire physique, à les sensibiliser à leur propre degré de forme physique et à les aider à établir des objectifs et à s’améliorer. L’initiative sera offerte par étapes aux écoles de partout au Canada pour les élèves de la maternelle à la douzième année. Elle mettra l’accent sur le soutien aux familles, et offrira entre autres des instructions sur la façon d’interpréter les résultats et sur l’établissement d’objectifs individuels et familiaux. Le programme comprendra des prix et des certificats de réalisation pour motiver la participation ou le rendement, ainsi qu’une stratégie à long terme visant à suivre les progrès de nos enfants et à vérifier si le programme réussit à renverser les tendances fâcheuses qui ont cours aujourd’hui en matière de santé. On demande l’aide du gouvernement fédéral pour cette initiative :

                  Coûts d’élaboration initiaux – 1,5 million de dollars

                  Année 1 – 1,5 million de dollars

                  Année 2 – 2 millions de dollars

                  Année 3 – 2,5 millions de dollars

                  Année 4 – 3 millions de dollars

                  Année 5 – 3 millions de dollars

                  Total – 13,5 millions de dollars (engagement sur six ans)

3.    Crédit d’impôt pour la condition physique des enfants (CICPE) remboursable. Le Canada a le mérite d’être le seul pays ayant un programme national de crédit d’impôt pour la condition physique : le CICPE, qui a été mis en place en 2007. Actuellement, le CICPE favorise les familles qui ont un revenu suffisamment élevé pour se permettre d’inscrire leurs enfants à des activités physiques organisées et de couvrir les coûts exigés. Les familles à faible revenu ne peuvent débourser les montants demandés pour participer à un sport et aux activités récréatives organisées et profitent donc moins du CICPE. Nous croyons que si le CICPE était pleinement remboursable pour les familles à faible revenu, il pourrait devenir une mesure stratégique efficace visant à encourager l’activité physique chez les enfants de familles défavorisées qui, comme l’indiquent les faits, sont plus susceptibles d’avoir un surpoids ou d’être obèses.

Conclusion

Il est important que le soutien aux initiatives décrites ci-dessus ne soit pas au détriment du financement existant pour le sport et l’activité physique. Ce serait une fausse économie que de vouloir réduire les montants versés pour appuyer l’activité physique, la lutte contre l’obésité ou des initiatives de sport de haut niveau, et cela nous condamnerait à d’autres dépenses pour remédier à la situation.